ISABELLE MASLE
CONSEILLÈRE DÉVELOPPEMENT
ET TERRITOIRE À LA CHAMBRE D'AGRICULTURE
DE LA HAUTE-VIENNE
“ L'ENJEU DE
DEMAIN:
TRANSFORMER
LA CHÂTAIGNE ”
La Chambre d'agriculture de la
Haute-Vienne aide les agriculteurs
producteurs de châtaignes
et ceux qui le souhaitent à se
lancer dans cette filière. Une
technicienne spécialisée les
guide individuellement. Un
accompagnement collectif est aussi
possible par le biais de formations
techniques : taille, récolte,
agroforesterie... Le Syndicat des
producteurs de marrons-châtaignes
et petits fruits du Limousin, outil
d'animation de la filière, organise
chaque année, en partenariat avec
la Chambre, un salon professionnel :
Tech-Châtaigne. Le syndicat propose
également un bulletin d'information
à ses adhérents. Aujourd'hui, les
producteurs ont des débouchés à
prix corrects même si la production
française reste déficitaire. Nous
leur proposons désormais de se
développer en agroforesterie afin
qu’ils n'attendent pas dix ans pour
sortir un revenu de la châtaigne. En
outre, la transformation du fruit
par les producteurs est la prochaine
étape de cette filière en mutation.
“
Le cahier des charges du Label Rouge imposait de planter au moins 35 arbres
par bâtiment pour avoir de l'ombre pour mes poulets,
explique-t-il,
j'ai choisi
le châtaignier. J'ai eu jusqu'à six bâtiments, dont quatre en location, que j'ai
laissés pour acheter 10 ha de châtaignier. Actuellement, j'exploite un verger
de 12 ha dont 6 en production, pour une récolte de 20 tonnes cette année, en
augmentation !
” Pour entretenir son verger, Julien Pillard élève, depuis trois
ans, des brebis de race limousine, une
diversification lourde de conséquences
puisque ces animaux raffolent en fait de
châtaignes et d'écorces de châtaignier.
Pour résoudre ce problème, il a finalement
opté pour une race anglaise non référencée
en France, la Shrosphire, qui ne broute
pas l'écorce. Vingt agnelles viennent tout
juste d'arriver. “
Mon objectif est d'avoir 80 à 100 brebis pour remplacer mes
limousines prévoit-il, elles auront un rôle de tondeuse écologique. En réalité,
je ne savais pas que je faisais de l'agroforesterie ! Nous faisons simplement
comme les anciens.
” Son exploitation a bien évolué avec aujourd'hui 57 ha, la
surface étant optimisée par la plantation de châtaigniers dont il espère une
récolte de 40 tonnes d’ici sept à huit ans. Quant à l'élevage de poulets, il a été
réduit à 27000 têtes par an contre 90000 au début. “
La châtaigne est en train
de devenir ma production principale avec un débouché assuré de ma récolte
grâce à la coopérative Limdor. Financièrement, la polyculture est intéressante,
ma femme s'est même installée avec moi.
”
Julien Pillard s'est installé en 2005 à Glandon en tant
qu'éleveur de volailles Label Rouge. Son installation hors
cadre familial nécessitait d'importants investissements,
il a donc commencé sur une petite exploitation de 28 ha
et a implanté deux bâtiments pour ses volailles, tout en
associant des vaches limousines.
L’agroforesterie c'est quoi ?
Il s'agit d'unmode d’exploitation des terres agricoles
associant des arbres et des cultures ou de l'élevage.
GLANDON
AGROFORESTERIE, CHÂTAIGNES-VOLAILLES LABEL ROUGE-OVINS-BOVINS
“ Je ne savais pas
que je faisais de
l’agroforesterie.”
JULIEN PILLARD
ANALYSE
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HAUTE-VIENNE, LE MAG #155
/ DOSSIER