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Makala *
d'Emmanuel Gras (2018)
Film /
Il n’est jamais tout à fait mauvais de nous
rappeler à notre condition de privilégiés. Ce
film extraordinaire y excelle : "
nous sommes au
Congo, dans un paysage de collines desséchées.
Un jeune homme y choisit un arbre, l’abat – à la
hache – le débite pour en faire du charbon de
bois, qu’il charge sur sa vieille bécane pour aller
le vendre en ville dans l’espoir d’acheter une ou
deux tôles pour couvrir sa maison
." Le scénario
n’a certes rien de très hollywoodien mais le suspense n’en est pas moins au
rendez-vous. Car tout l’art de ce docu-fiction – où chacun joue son propre
rôle – est de ne rien nous épargner de l’effort et de la peine de ce jeune père
de famille séparé de ses enfants par la misère. Chaque geste y est filmé en
temps réel ou presque : la hache entame à peine le bois, le vélo surchargé
vacille au bord de chemins défoncés dans une lumière de fin du monde, à la
merci des coupeurs de route, on tremble au moindre incident, la fatigue du
héros crève l’écran pour nous coller au fond du fauteuil et l’on mesure enfin
le sens du mot “précarité”.
» Blaq Out, 9,99 €
Et frappe le père à mort *
de John Wain. trauction. de Paul Dunan (2019)
Roman /
"
Jeremy Coleman ne s’intéresse à rien
d’autre que le piano. Orphelin de mère, élevé par
un père prof de lettres classiques plaçant l’effort et
le travail au-dessus de tout, et par une tante bigote
et effacée, il décide, à la suite d’une ultime dispute
avec son paternel, de tailler la route. La seconde
guerre mondiale fait rage, Londres est bombardée,
ses habitants souffrent du rationnement,
qu’importe, c’est là qu’il lui faut être, car il a découvert le jazz et se fait
pianiste dans les clubs.
"
John Wain est une figure majeure des Angry young men, mouvement
littéraire britannique des 50’s, dont son héros Jeremy, rebelle sans cause
qui se jette dans l’existence avec la seule envie furieuse de vivre plus,
est une figure des plus convaincantes. Écrit à une époque où le concept
“d’adolescence” commence à peine à exister, Et frappe le père à mort
incarne déjà à la perfection ces images de jeunes éperdus de liberté que la
littérature et le cinéma ne tarderont pas à décliner à l’envi. !
» Les éditions du typhon, 19 €
Les chroniques de
la
Bibliothèque départementale
de la Haute-Vienne
sont
à retrouver sur internet
» bibliotheque-hautevienne.com
*
Mais aussi…
Quand il neigeait
sur le Djebel
Amour
de René Knégévitch (2020)
Récit /
"
Je sais ce que je vais trouver
en Algérie mais j’y pars néanmoins
avec une certaine curiosité et la
volonté de pouvoir être militant de
l’Homme, malgré l’étau militaire et
la perte de ma liberté d’expression.
Savoir mais aussi voir constitue ma
disposition d’esprit
."
Au travers de son journal de
bord, tenu entre 1959 et 1960 en
plein cœur de la guerre d’Algérie,
René Knégévitch, nous présente
son parcours d’appelé sursitaire,
affecté au 403
e
R.A.A., à Aflou,
dans le Djebel Amour. Sans tabou,
l’auteur haut-viennois nous livre ses
émotions et ses réflexions tandis
que le djebel tonne et que le sang
coule. Un récit nécessaire et intime
qui offre un regard de l’intérieur sur
la guerre qui a bouleversé l’Algérie.
» Éditions Amalthée, 22,90 €
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HAUTE-VIENNE, LE MAG #165 / PARTAGES
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