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Barbès trilogie*
de Marc Villard (2019)
Roman /
Les touristes ne s’y pressent pas. On n’y vient
pas, on y vit. Paris est loin, on est à Paris pourtant.
Dans le Nord, dix-huitième, le bout du monde. Ce n’est
pas la banlieue, simplement un quartier populaire
même pas en voie de gentrification. Le Sacré-Cœur
est à deux pas, mais ici l’édifice le plus célèbre a pour
nom le commissariat de la Goutte d’or et les filles se
prénomment Farida ou Sara et non pas Amélie.
On est à Barbès dans ces trois courts romans de Marc
Villard, écrits entre 1987 et 2006, regroupés aujourd’hui
dans la Série noire pour un recueil cohérent.
Rebelles
de la nuit
,
La porte de derrière
et
Quand la ville
mord
mettent en scène un même personnage,
Tramson éducateur de rue au grand cœur qui
tente l’impossible, sortir les gosses de l’inévitable
engrenage, délinquance, trafics, vols, avec en ligne
de mire une voie toute tracée, celle de la prison.
Il se débat, Tram, avec les moyens du bord et son
idéalisme à revendre. Pas facile tous les jours quand
les dealers, mafieux en tous genres tiennent le pavé.
Dans ces trois romans, les intrigues importent peu.
Ce que Villard donne à voir, ce sont des figures. Un
marchand de figues, un patron de bars, des petites
frappes, des vigiles, des filles qui rient comme des
ados malgré la perte de leurs illusions, des ombres qui
se débrouillent, se démènent. Et Barbès qui devient un
personnage à part entière..
» Les Arènes, 20 €
Mémoires d’un condamné *
de Sylvestre Meinzer (2017)
Film /
Une autre “affaire” en milieu ouvrier. On se
souvient, bien sûr, de l’affaire Dreyfus. Mais qui
se souvient de l’affaire Jules Durand qui, en 1910,
déchaîna elle aussi les passions et fut qualifiée d’
“affaire Dreyfus du monde ouvrier” ?
Anarchiste et leader syndical au Havre, Jules
Durand gênait. Les grands patrons charbonniers
du port veulent sa peau : ils l’auront. Prétextant
d’une rixe mortelle à la faveur d’une grève, ils
suscitent de faux témoins et font juger Durand
pour complicité d’assassinat sur la personne d’un
contremaître. Reconnu coupable par une justice de
classe largement complaisante, le jeune docker est
condamné à mort. Dans un contexte très polarisé
par les luttes sociales, ce verdict soulève un tollé
immédiat. Une campagne internationale de soutien
est lancée, dont la puissance et la détermination
aboutiront à la grâce et à la libération de Jules
Durand qui, en 1918, sera enfin reconnu innocent à la
suite de la révision en cassation de son procès. Hélas,
entre-temps, l’injustice et des conditions de détention
très dures ont eu raison de lui : devenu fou, il est
interné et meurt à l’asile en 1926
.“
Un boulevard du Havre porte aujourd’hui son nom,
c’est bien le moins.
» Lardux films, 16 €
Les chroniques de la
Bibliothèque départementale de la Haute-Vienne
sont à retrouver sur internet
» bibliotheque-hautevienne.com
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